Théâtres équestres et cirques à Paris.
De Philip Astley aux Franconi, et leurs successeurs.
De l'Amphithéâtre d'Astley à l'Hippodrome de l'Alma: la succession des théâtres et des cirques parisiens est une suite d'appellations et de directions qui révèlent toutes les variations sur un même thème.
Philip Astley à Paris
1782 : Amphithéâtre Anglois
1783 : Nouvel Amphithéâtre
1784 : Amphithéâtre des Sieurs Astley père et fils
1793 : Astley doit définitivement quitter la France, il loue son établissement du Fbg du Temple à différents entrepreneurs de spectacles dont les Franconi.
1802 : Philip Astley réinvestit son établissement et en assure la direction alternativement avec son fils John Astley.
1803 : Philip Astley est arrêté et emprisonné en France en tant qu'ennemi de la Nation.
1805-1816 : rare utilisation de l'Amphithéâtre - utilisation mal connue
1816 : Vente de l'Amphithéâtre du Fbg du Temple à Laurent et Henri Franconi
Les Franconi à Paris
Durant quatre générations l'histoire du cirque en France et l'histoire des cirques parisiens sont intrinsèquement liées aux entreprises des Franconi.
Les dénominations se succèdent, à la fois liées à la taille des établissements, leur conformation - à compter du moment où la scène est ajoutée à la piste le terme "théâtre" est ancré - mais aussi à la vogue des termes comme à la succession des régimes politiques ou tout simplement la situation géographique.
Manège Franconi, Cirque Olympique, Théâtre du Cirque, Théâtre national ou Théâtre impérial, Cirque des Champs Elysées, Hippodrome de l'Etoile...: le cirque est tantôt la désignation, tantôt le substantif. Mais surtout, la dénomination inscrit une conformation liée à l'espace d'exercice de l'équitation et de la mise en scène théatrale.
Manège, cirque et hippodrome matérialisent l'espace équestre et sportif. Théâtre, puis cirque et ici "hippodrome" aussi, au sens qui leur est dorénavant conféré par les spectacles, sont les espaces de scénographies équestres, acrobatiques et théâtrales. Les hippodromes de spectacles, entre 1845 et 1910 sont en fait en ville, des cirques en dur à trois pistes que Barnum & Bailey font tournés ous leurs toiles. Jusqu'à ce qu'ils disparaissent de l'univers urbain au début du XXe siècle, ces hippodromes de spectacles sont éponymes des plus vastes pistes de spectacles. Les champs de course ne s'appellent pas encore des hippodromes et lorsque le terme finit par être associé aux courses hippiques au milieu du XIXe siècle, avant "hippodrome" désigne les lieux de mises en scène spectaculaires... équestres. Le glissement n'est alors pas sémantique, juste sportif.
Au delà de décrire un espace et un lieu, la dénomination des établissements parisiens est aussi liées à chaque étape de l'histoire des entreprises Franconi, à un statut économico-juridique. Locataire, propriétaire, société en commandite par actions, les murs n'appartiennent pas toujours au nom qui incarne la dynastie et c'est là toute la force des Franconi: d'avoir implanter un genre, un style, une expertise, un art qui ont associé leur nom à un siècle d'histoire des spectacles équestres.
Du Manège Franconi au Cirque Olympique,
Du Théâtre du Cirque Olympique aux suivants...
Date - Nom de l'établissement - lieu - propriétaire(s)
En bleu les établissements qui correspondent à une nouvelle implantation dans Paris i.e. changement d'adresse
1802-1806 : Manège Franconi, Jardins du Couvent des Capucines - Antonio Franconi
1807-1816 : Cirque Olympique, en 1812 Théâtre du Cirque Olympique, rue du Mont-Thabor - Laurent et Henri Franconi
1816-1826 (incendie) : Théâtre du Cirque Olympique, rue du Fbg du Temple - Laurent et Henri Franconi
1826-1862 : Théâtre du Cirque Olympique bd du Temple, successivement Théâtre national du Cirque Olympique (1834) - Théâtre national (ancien cirque) (1848)- Théâtre impérial (1853).
1826-1830 (première faillite) : Société en commandite - direction Adolphe Franconi, Ferdinand Laloue et Geoffroy Villain de Saint-Hilaire
1830-1832 (reddition définitive) : direction Laurent et Henri Franconi
1832-1836 (deuxième faillite) : Propriétaire Louis Dejean - direction Adolphe Franconi (manège), Ferdinand Laloue et François Sergent
1836-1844 : Création de la Société des Deux Cirques (Théâtre du Cirque Olympique et Cirque des Champs Elysées) Louis Dejean, propriétaire et directeur administratif, Adolphe Franconi directeur du manège, Ferdinand Laloue, directeur de la mise en scène.
1844-1847 : Théâtre du Cirque Olympique - Jules Gallois
1847-1848 (hiver) : Opéra national (théâtre lyrique) - Société Mirecourt (Adolphe Adam et Adolphe Tranchant)
1848-1850 : Théâtre national du Cirque Olympique mais aussi connu sous Théâtre national (ancien cirque)- Horace Meyer et Louis Fournier (propriétaire Louis Dejean)
1850-1858 : Théâtre impérial du Cirque (1853-1862) - Charles-Louis Billion
1858-1862 : Théâtre impérial du Cirque (1853-1862) - Hippolyte Hostein
1835-1841-1902 : Cirque des Champs Elysées, Cirque de l’Impératrice (1853-1873), Cirque d’Eté (démolit en plusieurs étapes entre 1902 et 1908)
1835-1838 : Cirque des Champs Elysées - propriétaire Louis Dejean - direction Adolphe Franconi
1838- 1844 : Cirque national des Champs Elysées - propriétaire Louis Dejean - François Baucher, Adolphe Franconi, Ferdinand Laloue
1844-1847 : Cirque des Champs Elysées - Jules Gallois
1848-1870 : Cirque national de Paris puis Cirque de l'Impératrice (1853-1870) - Louis Dejean
1870-1897 : Cirque d'Eté - Victor Franconi
1897-1900 : Cirque d'Eté - Charles Franconi
1852 : Cirque Napoléon, Cirque National (1873), Cirque d’Hiver
1852-1870 : Cirque Napoléon - Louis Dejean
1870-1897 : Cirque National puis Cirque d'Hiver - Victor Franconi
1897-1907 : Cirque d'Hiver Charles Franconi
Les Hippodromes de spectacles parisiens
Hormis durant la direction de Pierre-Célestin Arnault, de 1851 à 1855, qui dédouble l'Hippodrome de l'Etoile en faisant construire du côté de la Bastille, les Arènes Nationales, afin d'alterner ses programmations, Paris compte en réalité un seul hippodrome de spectacles, malgré toutes les dénominations connues.
Ce sont les aménagements urbains successifs, le percement de nouvelles rues ou la redéfinition des quartiers de l'ouest parisien qui - à part l'incendie de 1869 - sont à chaque fois la cause de la fermeture de l'hippodrome. Reconstruit presque immédiatement, non loin, et rebaptisé selon le même principe que celui utilisés ensuite pour les hippodromes de courses qui s'élèvent au pourtour de Paris à la fin du XIXe siècle, le nom de l'hippodrome est l'association de la nature du lieu et son de architecture, "hippodrome", avec en adjonction, simplement le lieu, le quartier de son implantation. Aucun élément de la dénomination ne permet de distinguer les hippodromes de spectacles des hippodromes de courses.
1845-1856 : Hippdrome de l'Etoile (détruit pour aménagement de la Place de l'Etoile)
1845-1848 : Ferdinand Laloue et Victor Franconi
1848-1856 : Pierre-Célestin Arnault
1851-1855 : Les Arènes Nationales (puis Arènes impériales) - Pierre-Célestin Arnault
1856-1869 (incendie) : Hippodrome de la Porte Dauphine (ou Hippodrome de la Plaine de Passy) - Pierre-Célestin Arnault
1875 (provisoire) -1877 (construction définitive) - 1892 : Hippodrome de l'Alma - Charles Zidler
1894-1899 : Hippodrome du Champs de Mars
1900-1911 : Hippodrome de la Place Clichy (ou Hippodrome Montmartre)
Voir aussi à propos des Hippodromes, Hodak (Caroline), Les Hippodromes de spectacles à Paris au XIXe siècle, in Le Cheval et ses patrimoines, Ministère de la Culture.